Différences entre SAS et SARL : quel statut choisir ?

C’est le choix de départ, le « match » classique de la création d’entreprise. Vous avez votre business plan, votre nom, et vous voilà bloqué à la case « statut juridique ». SAS ou SARL ? Si vous pensez que c’est un simple choix administratif, vous vous trompez. La différence entre SAS et SARL n’est pas une question de 4 ou 3 lettres. C’est votre premier acte de gestion stratégique.

Ce choix va dicter :

  • Le montant de vos cotisations sociales (et donc votre salaire net).
  • La manière dont vous pourrez (ou non) optimiser vos dividendes.
  • Votre capacité à faire entrer des investisseurs ou à céder des parts.

Oubliez la réponse « ça dépend ». Aujourd’hui, on ne va pas lister les points communs. On va arbitrer le match en 3 rounds, basés sur vos vraies questions : le coût social, la fiscalité de vos gains, et la flexibilité de votre projet.


Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)

  • Le Match Social : La SAS vous offre le statut « Assimilé-Salarié » 👑 (coûteux mais très protecteur). La SARL (gérant majoritaire) vous donne le statut « TNS » 🔧 (moins cher, moins protecteur).
  • Le « Hack » de la SAS : Si vous ne vous versez pas de salaire au début, vous ne payez zéro charge sociale en SAS 💰. En SARL (TNS), vous paierez quand même des cotisations minimales obligatoires.
  • Le Piège des Dividendes : C’est le K.O. financier 💸. En SAS, vos dividendes ne sont (presque) pas soumis aux charges sociales. En SARL (TNS), la part qui dépasse 10% du capital social est lourdement taxée (cotisations sociales en plus de la flat tax).
  • Le Projet (Flexibilité) : La SAS est un « système ouvert » 🚀 (statuts libres, idéal pour levées de fonds). La SARL est un « système fermé » 👨‍👩‍👧‍👦 (statuts rigides, sécurisante, idéale pour un projet familial ou traditionnel).
  • La Tendance (INSEE) : La SAS est devenue la forme juridique la plus choisie en France, notamment par les startups, pour sa souplesse. La SARL reste une valeur sûre pour l’artisanat et les entreprises familiales.

Différences entre SAS et SARL : quel statut choisir ?

SAS vs SARL : Le Tableau Comparatif pour Décider Vite

Avant d’entrer dans l’arbitrage détaillé, voici le « head-to-head ». Ce tableau résume les différences fondamentales entre une SAS (Société par Actions Simplifiée) et une SARL (Société à Responsabilité Limitée).

Critère d’Arbitrage SAS (Société par Actions Simplifiée) SARL (Société à Responsabilité Limitée)
Statut du Dirigeant Président (ou DG) | Assimilé-Salarié Gérant (majoritaire) | TNS (Indépendant)
Protection Sociale Élevée (Régime Général, comme un salarié) Plus faible (Sécurité Sociale des Indépendants)
Cotisations (sur Salaire) Élevées (environ 75-80% du net) Faibles (environ 45% du net)
Cotisations (sans Salaire) 0 € Cotisations minimales obligatoires
Taxation des Dividendes Optimale (PFU 30% ou barème IR) Défavorable (Cotisations sociales en plus sur la part > 10% du capital)
Flexibilité des Statuts Totale (Très souple, pacte d’associés) Faible (Rigide, très encadrée par la loi)
Profil Idéal Startup, levée de fonds, optimisation dividendes Projet familial, TPE, artisanat, optimisation salaire

Arbitrage n°1 : Le Coût de votre Protection Sociale (TNS vs Assimilé-salarié)

C’est le point le plus important, la plus grande différence between SAS et SARL. Votre choix ici impacte directement votre fiche de paie et votre couverture santé/retraite.

SAS : La Sécurité de l’Assimilé-Salarié

En SAS, en tant que Président (rémunéré), vous êtes « Assimilé-Salarié ».
Le + : Vous bénéficiez de la même protection sociale qu’un cadre salarié (Régime Général de la Sécurité Sociale). C’est la meilleure protection possible (retraite, maladie, etc.), hors assurance chômage (un Président de SAS n’est pas automatiquement couvert par l’assurance chômage).
Le – : Cette protection coûte cher. Les cotisations sociales sont élevées, représentant environ 75% à 80% de votre salaire net. Pour 1000€ net dans votre poche, la société paie environ 750-800€ de charges.

SARL : Le Coût Réduit du TNS (Gérant Majoritaire)

En SARL, si vous êtes gérant majoritaire (la gérance détient plus de 50% des parts), vous êtes « Travailleur Non-Salarié » (TNS).
Le + : Le coût est bien plus faible. Les cotisations sociales ne représentent qu’environ 45% de votre revenu net. Pour 1000€ net, la société paie environ 450€ de charges.
Le – : La protection est logiquement plus faible (ex-RSI). Vous cotisez moins pour la retraite et les indemnités journalières sont moins avantageuses.

L’Avantage (Caché) de la SAS : le « Hack » de l’Absence de Rémunération

C’est un point que peu de créateurs voient au début.
Si vous lancez votre projet en parallèle d’un emploi ou en touchant vos allocations chômage (ARE), et que vous ne vous versez aucun salaire :
En SAS : Pas de salaire = 0€ de cotisations sociales. C’est simple, c’est net. Vous ne payez rien.
En SARL (TNS) : Même sans salaire (0€ de revenu), vous êtes redevable de cotisations minimales obligatoires (environ 1 200€ par an) pour valider une protection de base.

Si votre stratégie est de ne pas vous rémunérer la première année, la SAS s’impose.

Arbitrage n°2 : Votre Stratégie de Rémunération (Salaires vs Dividendes)

C’est la deuxième grande différence SAS et SARL. Comment voulez-vous sortir l’argent de votre société ?

  • Si vous privilégiez le salaire : La SARL (TNS) est mathématiquement plus avantageuse. À budget de rémunération égal, votre net sera plus élevé grâce aux charges sociales plus faibles.
  • Si vous privilégiez les dividendes : La SAS est la grande gagnante, et de loin.

C’est un point technique, mais c’est le « piège » financier de la SARL.
En SAS : Vous décidez de vous verser 20 000€ de dividendes. Vous payez la « Flat Tax » (PFU) de 30% dessus (ou l’impôt sur le revenu si c’est mieux pour vous). C’est tout. Vos 20 000€ ne sont pas soumis aux cotisations sociales.
En SARL (TNS) : C’est plus complexe. La part de vos dividendes qui dépasse 10% de votre capital social est soumise aux cotisations sociales (environ 45%), avant même l’application de la flat tax de 30%.
* Exemple : Votre capital est de 1 000€. 10% = 100€. Si vous versez 20 000€ de dividendes, les 19 900€ excédentaires seront taxés à ~45% (charges sociales) avant d’être taxés à l’impôt sur le revenu. C’est une double peine qui anéantit l’intérêt des dividendes.

Différences entre SAS et SARL : quel statut choisir ?

Arbitrage n°3 : Votre Projet (Startup Agile ou TPE Familiale ?)

L’argent ne fait pas tout. La structure de votre projet est décisive.

La SAS : La Voie Royale pour les Levées de Fonds

La SAS est la favorite incontestée des startups, et ce n’est pas un hasard (l’INSEE confirme que c’est la forme la plus créée). Pourquoi ? La flexibilité.
Statuts libres : C’est un « bac à sable » juridique. Vous pouvez tout organiser dans les statuts : actions de préférence, clauses de sortie, pactes d’associés… C’est ce que demandent les investisseurs (Business Angels, VCs).
Structure ouverte : Vous avez des « actions » (pas des « parts sociales »). Elles se cèdent facilement. Vous pouvez avoir un nombre illimité d’associés.

Le risque (pointé par les experts) : Cette liberté est un piège. Des statuts de SAS mal rédigés peuvent être une bombe à retardement. La SARL, étant rigide, protège les débutants.

La SARL : La Forteresse Sécurisante

La SARL est tout l’inverse : elle est rigide. Son fonctionnement est dicté par le Code de commerce.
Structure fermée : Vous avez des « parts sociales ». Pour faire entrer un nouvel associé, il faut l’accord des autres (procédure d’agrément). C’est parfait pour garder le contrôle et éviter des inconnus au capital. Le nombre d’associés est limité à 100.
Cadre familial : C’est la seule structure (avec l’EURL) qui permet le statut de « conjoint-collaborateur », une option très utilisée dans l’artisanat et le commerce de proximité.

Verdict : Quel statut pour quel profil ?

Il n’y a pas de « meilleur » statut, seulement un statut adapté à votre stratégie.

➡️ Choisissez la SAS si :

  • Vous prévoyez de lever des fonds ou de faire entrer des investisseurs.
  • Votre stratégie est de vous rémunérer principalement en dividendes.
  • Vous ne prenez pas de salaire au début et voulez éviter les charges minimales.
  • Vous préférez une protection sociale maximale (Assimilé-Salarié), quitte à payer plus de charges sur votre salaire.

➡️ Choisissez la SARL si :

  • Vous montez un projet familial ou traditionnel (commerce, artisanat).
  • Vous voulez un cadre légal « sécurisant » et rigide, sans vous perdre dans la rédaction des statuts.
  • Votre stratégie est de maximiser votre salaire net (charges TNS plus faibles).
  • Vous avez besoin du statut de conjoint-collaborateur.

Le choix entre SAS ou SARL n’est pas définitif (on peut transformer l’une en l’autre, mais c’est coûteux). Réfléchir à ces 3 arbitrages (social, fiscalité, flexibilité) avant de signer, c’est s’assurer que votre structure juridique est un accélérateur, et non un frein.


FAQ : Différence SAS et SARL

  1. Quelle est la différence entre une SASU et une EURL ?
    C’est exactement la même différence SAS et SARL, mais pour un associé unique. La SASU (SAS Unipersonnelle) vous rend Président Assimilé-Salarié. L’EURL (SARL Unipersonnelle) vous rend Gérant Associé Unique TNS. Le choix se fait donc sur les mêmes critères : coût social, charges minimales, et fiscalité des dividendes.
  2. Quelle est la forme la plus choisie par les créateurs d’entreprise ?
    Selon les données de l’INSEE de ces dernières années, la SAS (et sa version unipersonnelle, la SASU) est devenue la forme de société la plus plébiscitée pour les créations d’entreprise en France, dépassant la SARL, grâce à sa grande flexibilité.
  3. Peut-on changer de SAS à SARL ou l’inverse ?
    Oui, c’est possible. Cela s’appelle une « transformation de forme sociale ». C’est une procédure juridique qui demande une assemblée générale, l’intervention d’un commissaire à la transformation, et des frais de greffe. C’est faisable, mais il vaut mieux choisir la bonne structure dès le départ.
  4. Y a-t-il une différence de capital social minimum ?
    Non, c’est un mythe. Les deux formes juridiques (SAS et SARL) peuvent être créées avec un capital social minimum de 1€ symbolique.

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