Vous découvrez qu’un droit de passage non mentionné sur acte de vente grève votre propriété récemment acquise ? Cette situation juridique complexe peut rapidement devenir un véritable casse-tête pour les nouveaux propriétaires. Entre obligations légales non respectées et conséquences pratiques sur votre jouissance du bien, les implications sont nombreuses. Comprendre vos droits et les recours possibles devient alors essentiel pour protéger vos intérêts.
Le Code civil encadre précisément ces situations, notamment à travers l’article 1638 qui impose au vendeur de déclarer les servitudes non apparentes. Mais que faire lorsque cette obligation n’a pas été respectée ? Quelles sont les responsabilités de chacun et comment faire valoir vos droits ? Cet article fait le point sur cette problématique immobilière fréquente qui peut sérieusement affecter la valeur et l’usage de votre bien.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire) :
- 📜 Un droit de passage reste juridiquement valable même sans mention dans l’acte de vente.
- ⚖️ L’article 1638 du Code civil oblige le vendeur à déclarer les servitudes non apparentes.
- 🏠 L’absence de mention peut justifier la résiliation de la vente ou des dommages-intérêts.
- 🔄 Les servitudes sont attachées au bien immobilier et non au propriétaire.
- ⏰ L’acheteur doit agir rapidement après la découverte de la servitude pour faire valoir ses droits.

🔍 Le droit de passage non mentionné dans l’acte de vente : définitions
Un droit de passage constitue une servitude, c’est-à-dire une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) au profit d’un autre immeuble (le fonds dominant). Concrètement, il permet au propriétaire d’un terrain enclavé d’accéder à sa propriété en traversant celle d’un voisin.
Les servitudes se divisent en deux catégories :
- Les servitudes apparentes, visibles par des signes extérieurs (comme un chemin aménagé)
- Les servitudes non apparentes, qui ne se manifestent par aucun signe visible (comme un droit de passage occasionnel)
Point crucial à retenir : un droit de passage reste juridiquement valable même s’il n’apparaît pas dans l’acte de vente. En effet, les servitudes sont attachées au bien immobilier et non à la personne du propriétaire. Elles « suivent » donc la propriété, indépendamment des changements de propriétaires.
Pour le nouveau propriétaire, les conséquences sont immédiates. Il doit supporter cette charge qui limite sa jouissance pleine et entière du bien. Cela peut se traduire par l’obligation de laisser passer des voisins sur son terrain, avec les désagréments que cela implique : perte d’intimité, restrictions pour aménager certaines zones, voire dépréciation de la valeur du bien.
Cette découverte tardive d’une servitude rappelle d’autres situations où des problèmes apparaissent après la prise de possession d’un bien. Dans le cadre locatif, les locataires peuvent également être confrontés à des découvertes similaires, comme expliqué dans notre article sur les dégâts constatés après état des lieux de sortie.
Les articles 690 à 696 du Code civil régissent précisément l’information de l’acquéreur concernant les servitudes existantes. Selon ces textes, le vendeur a l’obligation légale d’informer l’acheteur de toutes les servitudes non apparentes qui grèvent le bien. L’absence de cette information constitue un manquement qui peut ouvrir droit à des recours.
⚖️ Recours juridiques face à un droit de passage non déclaré
Lorsqu’un droit de passage n’a pas été mentionné dans l’acte de vente, l’acheteur dispose de plusieurs recours juridiques. L’article 1638 du Code civil est particulièrement protecteur puisqu’il permet d’engager la responsabilité du vendeur qui n’a pas déclaré les servitudes non apparentes.
Voici les principales options qui s’offrent à l’acheteur lésé :
| Type de recours | Conditions | Délais | Avantages/Inconvénients |
|---|---|---|---|
| Résiliation de la vente | Servitude d’une importance telle que l’acheteur n’aurait pas acheté | 5 ans à compter de la découverte | Solution radicale mais longue procédure |
| Diminution du prix | Servitude diminuant la valeur du bien | 5 ans à compter de la découverte | Maintien de la vente avec compensation |
| Dommages et intérêts | Préjudice prouvé | 5 ans à compter de la découverte | Peut s’ajouter aux autres recours |
Ces recours juridiques présentent des similitudes avec d’autres problématiques immobilières de non-déclaration. Les vendeurs confrontés à une situation inverse peuvent d’ailleurs consulter notre guide pour se défendre contre une accusation de vice caché de maison, car les mécanismes de défense et les enjeux de responsabilité sont comparables.
Pour obtenir la résiliation de la vente, l’acheteur doit prouver que la servitude est d’une importance telle qu’il n’aurait pas acheté s’il en avait eu connaissance. Par exemple, un droit de passage qui traverse le jardin principal peut significativement diminuer la jouissance paisible du bien.
La demande d’indemnisation pour préjudice subi est souvent la solution la plus pragmatique. Elle permet de compenser financièrement la perte de valeur du bien tout en conservant la propriété. Le montant de l’indemnité sera évalué en fonction de l’impact réel du droit de passage sur la valeur et l’usage du bien.
🔑 Important : ces actions doivent être engagées dans un délai raisonnable après la découverte de la servitude non déclarée. Au-delà de 5 ans, le risque de prescription est réel.
👨⚖️ Responsabilités des différents acteurs impliqués
Dans le cadre d’une vente immobilière où un droit de passage n’a pas été mentionné, plusieurs acteurs peuvent voir leur responsabilité engagée.
Le vendeur est le premier concerné. L’article 1638 du Code civil lui impose une obligation claire d’information concernant les servitudes non apparentes. Cette obligation n’est pas une simple formalité mais une exigence légale fondamentale. Le vendeur qui omet, volontairement ou non, de mentionner un droit de passage s’expose à des poursuites pour manquement à son devoir d’information.
Le notaire joue également un rôle crucial. En tant que rédacteur de l’acte authentique, il a un devoir de conseil et de vérification. Il doit notamment :
- Consulter les titres de propriété antérieurs
- Vérifier l’existence d’éventuelles servitudes au bureau des hypothèques
- Interroger le vendeur sur l’existence de servitudes non apparentes
- Effectuer si nécessaire des vérifications sur place
Si le notaire manque à ces obligations, sa responsabilité professionnelle peut être engagée. Il pourrait alors être condamné à indemniser l’acheteur pour le préjudice subi.
Cette obligation de transparence s’étend d’ailleurs à d’autres aspects de la vente immobilière. Tout comme pour les servitudes non apparentes, la déclaration de sinistre dans un acte de vente immobilière répond aux mêmes exigences légales de bonne foi et d’information complète de l’acquéreur.
L’agent immobilier, lorsqu’il intervient dans la transaction, a également un devoir d’information et de conseil. S’il avait connaissance du droit de passage et ne l’a pas signalé, sa responsabilité pourrait être retenue.
En cas de litige, les tribunaux examinent généralement le comportement de chaque acteur pour déterminer les responsabilités. Ils peuvent retenir une responsabilité partagée entre le vendeur, le notaire et l’agent immobilier, en fonction des circonstances spécifiques de l’affaire et du niveau de connaissance que chacun avait ou aurait dû avoir de l’existence du droit de passage.

🔎 Comment prouver et faire valoir un droit de passage existant
Que vous soyez le bénéficiaire d’un droit de passage non mentionné ou le propriétaire qui le subit, établir l’existence légale de cette servitude est essentiel. Plusieurs méthodes permettent de prouver un droit de passage.
La recherche documentaire constitue la première étape fondamentale :
- Examiner les titres de propriété anciens qui peuvent mentionner la servitude
- Consulter les documents cadastraux et les plans qui peuvent indiquer un passage
- Vérifier les actes notariés antérieurs, même très anciens
- Rechercher d’éventuelles décisions de justice concernant les propriétés
Les témoignages peuvent également s’avérer précieux, particulièrement pour prouver un usage prolongé. Des voisins de longue date, d’anciens propriétaires ou des personnes connaissant l’historique du quartier peuvent attester de l’existence et de l’usage d’un passage depuis de nombreuses années.
L’article 701 du Code civil précise que le propriétaire du fonds servant (celui qui supporte le droit de passage) doit avoir une attitude passive : il ne peut rien faire qui diminuerait l’usage de la servitude. Parallèlement, l’article 702 indique que le bénéficiaire ne doit pas aggraver la situation du fonds servant.
✅ Checklist pour établir un droit de passage :
- Rassembler tous les documents de propriété disponibles
- Photographier le passage et son utilisation régulière
- Recueillir des témoignages écrits de voisins ou anciens propriétaires
- Consulter un géomètre pour établir précisément l’assiette du passage
- Faire appel à un avocat spécialisé en droit immobilier
En cas de conflit persistant, la médiation représente souvent une solution moins coûteuse et plus rapide qu’une procédure judiciaire. Elle permet aux parties de négocier un accord amiable, éventuellement en redéfinissant les modalités d’exercice du droit de passage (horaires, largeur du passage, entretien).
Vous l’aurez compris, faire face à un droit de passage non mentionné sur acte de vente nécessite une approche méthodique et parfois l’intervention de professionnels du droit. Que vous soyez acheteur découvrant cette servitude après l’acquisition ou vendeur souhaitant régulariser la situation, la connaissance de vos droits et obligations est essentielle pour résoudre efficacement ce type de litige immobilier.
Le Code civil offre un cadre protecteur, notamment à travers les articles 1638, 701 et 702, qui permettent de trouver des solutions équilibrées. N’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé qui pourra vous accompagner dans vos démarches face à cette situation de droit de passage non mentionné sur acte de vente qui peut significativement impacter la valeur et la jouissance de votre bien immobilier.

