Combien de temps devrait prendre une tâche ?
Pas combien de temps elle prend aujourd’hui avec cet opérateur, mais combien de temps elle devrait prendre, de manière juste et standardisée. C’est le casse-tête de tous les responsables de production, ingénieurs méthodes et managers industriels.
La solution la plus évidente ? Sortir le chronomètre. Mais cette approche est subjective (l’opérateur est-il rapide ? lent ? stressé ?), chronophage et souvent mal perçue.
C’est là qu’intervient la Maynard Operation Sequence Technique (MOST). Oubliez l’ancienne méthode MTM qui demandait une analyse microscopique de chaque micro-mouvement. La méthode MOST est l’approche moderne pour définir des temps standards de manière précise, objective et, surtout, incroyablement rapide.
Il ne s’agit pas de compter les secondes, mais de décomposer le travail en séquences de mouvements universels.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- 🤖 MOST est un système de temps prédéterminé (PMTS) pour mesurer le travail humain, reconnu comme plus rapide que l’ancienne méthode MTM.
- ⏱️ L’unité de mesure est le TMU (Time Measurement Unit) : 1 TMU = 0,036 seconde (ou 100 000 TMU = 1 heure).
- ⚡ La méthode est jusqu’à 10 fois plus rapide à appliquer que le MTM, générant 90% de documentation en moins.
- 📏 Il existe 3 niveaux : MiniMOST (cycles très courts), BasicMOST (le plus courant), et MaxiMOST (opérations longues, non répétitives).
- 🧬 La méthode analyse des séquences logiques de mouvements (ex: se déplacer, prendre, placer) plutôt que des micro-mouvements individuels.

Qu’est-ce que la méthode MOST (Maynard Operation Sequence Technique) ?
Soyons directs. La Maynard Operation Sequence Technique, ou MOST, est ce que l’on appelle un Predetermined Motion Time System (PMTS), soit un système de temps de mouvements prédéterminés.
En français simple : c’est une technique structurée pour analyser les mouvements qu’un opérateur doit effectuer pour accomplir une tâche.
Au lieu de chronométrer un opérateur (ce qui est subjectif), la méthode MOST utilise une base de données standardisée de séquences de mouvements. L’idée fondamentale est que tout travail manuel, où qu’il soit dans le monde, est une combinaison de mouvements humains fondamentaux (se baisser, marcher, saisir un objet, le positionner…).
La monnaie d’échange de la méthode MOST est le TMU (Time Measurement Unit).
C’est l’élément qui standardise tout et supprime la subjectivité. La conversion est un standard de l’industrie :
1 TMU = 0,036 seconde
100 000 TMU = 1 heure
Un analyste MOST n’a donc pas besoin d’un chronomètre. Il observe l’opération, la décompose en séquences MOST (comme « prendre un objet et le placer ») et assigne une valeur en TMU à cette séquence en fonction de sa complexité.
L’objectif final n’est pas seulement de mesurer, mais d’optimiser et d’établir un « temps standard » juste et reproductible pour une opération. C’est le volet opérationnel qui vient compléter le montage administratif d’un site, comme les démarches pour un Industrial Entrepreneurs Memorandum (IEM) lors de la création d’une usine.
MOST vs MTM : Pourquoi MOST est-il considéré comme plus efficace ?
Avant MOST, il y avait MTM (Methods-Time Measurement). MTM, développé dans les années 40, a été révolutionnaire. Il a été le premier à décomposer le travail en micro-mouvements (comme « atteindre », « saisir », « tourner la main »).
Le problème ? MTM est incroyablement détaillé et, par conséquent, très lent à appliquer. Un analyste MTM devait décortiquer chaque seconde de travail en dizaines de micro-mouvements.
La méthode MOST, développée par H.B. Maynard and Company dans les années 60 et 70, est l’évolution logique. Elle ne s’intéresse pas aux micro-mouvements, mais regroupe ces mouvements en séquences logiques.
La différence est simple :
- MTM analyse la lettre (mouvement de la main, saisie de l’objet).
- MOST analyse le mot (prendre l’objet).
Ce changement de perspective a des conséquences massives sur l’efficacité de l’analyse. Les applications sur le terrain et les études comparatives sont formelles : la méthode MOST est jusqu’à 10 fois plus rapide à appliquer qu’une analyse MTM traditionnelle.
Et la paperasse ? Elle génère environ 90% de documentation en moins.
Moins de temps d’analyse, moins de documentation, pour une précision tout à fait comparable (voire supérieure) pour la grande majorité des tâches industrielles. Pour les ingénieurs méthodes, le choix est vite fait.
Les 3 niveaux de MOST : Quand utiliser Basic, Mini ou Maxi ?
La méthode MOST n’est pas un bloc monolithique. Elle s’adapte intelligemment à la tâche que vous analysez grâce à trois « niveaux de zoom » différents. C’est souvent un point de confusion, mais c’est en fait très logique.
BasicMOST : Le standard polyvalent
C’est la version la plus utilisée, le « couteau suisse » de la méthode. BasicMOST est parfait pour la majorité des opérations manufacturières, celles dont les cycles durent typiquement entre 1 et 10 minutes.
Il offre le meilleur équilibre entre vitesse d’analyse et précision des résultats. C’est l’outil de prédilection pour l’équilibrage de lignes d’assemblage, les opérations de packaging ou le chargement simple de machines. C’est grâce à cette méthode qu’une entreprise peut, par exemple, définir une charge de travail juste pour les équipes en travail en 2×8.
MiniMOST : L’analyse de haute précision
Quand les tâches deviennent très courtes (souvent moins d’une minute) et très répétitives, BasicMOST peut manquer de granularité.
C’est là qu’intervient MiniMOST. Il « zoome » davantage et décompose les séquences en éléments plus fins. Il est idéal pour les industries qui exigent une grande précision sur des cycles très rapides, comme l’assemblage de petits composants électroniques ou des tâches de micro-mécanique.
MaxiMOST : Pour les opérations longues et complexes
À l’inverse, que faire pour des tâches longues (plus de 10-15 minutes) et souvent non répétitives ? Pensez à des opérations de maintenance, de conduite de chariot élévateur, ou des changements de série complexes.
Utiliser BasicMOST ici serait long et fastidieux. MaxiMOST « dézoome » et analyse le travail par macro-séquences (comme « aller chercher un outil », « conduire à l’entrepôt », « charger la palette »).
Voici un tableau simple pour y voir plus clair :
| Version MOST | Type de cycle | Niveau de détail | Exemple d’application |
|---|---|---|---|
| MiniMOST | Très court (ex: < 1 minute) et répétitif | Très élevé (micro-tâches) | Assemblage de composants électroniques |
| BasicMOST | Standard (ex: 1 à 10 minutes) | Moyen (séquences d’actions) | Opération sur ligne d’assemblage auto |
| MaxiMOST | Long (ex: > 10 minutes) et non répétitif | Faible (macro-tâches) | Opération de maintenance, grue |

Comment fonctionne une séquence ? L’exemple de BasicMOST
Concrètement, comment la méthode MOST calcule-t-elle le temps ? Elle utilise des modèles de séquences fixes.
Le modèle le plus célèbre et le plus utilisé dans BasicMOST est le « General Move » (Mouvement Libre). Cette séquence décrit environ 90% des tâches industrielles courantes : aller chercher un objet et le déposer quelque part.
Son code ressemble à une formule secrète : A B G A B P A
Ce n’est pas aléatoire. Chaque lettre représente un paramètre de la séquence. L’analyste assigne une valeur d’index (un chiffre) à chaque lettre en fonction de la difficulté de l’action.
Décortiquons cette séquence :
- A – Action Distance (Déplacement) : L’opérateur doit-il juste bouger les mains (à portée) ou faire 1 ou 2 pas ?
- B – Body Motion (Mouvement du corps) : Doit-il se baisser, se lever, ou se tourner ?
- G – Gain Control (Prise) : L’objet est-il facile à prendre (une grosse boîte) ou difficile (une petite vis sur une surface plane) ?
C’est la première moitié : aller chercher l’objet. Vient ensuite la deuxième moitié :
- A – Action Distance : Déplacer l’objet vers sa destination.
- B – Body Motion : Y a-t-il un mouvement du corps pendant ce déplacement ?
- P – Placement (Positionnement) : L’objet est-il juste « lâché » dans un bac ou doit-il être positionné avec précision (inséré dans un trou, aligné) ?
- A – Action Distance (Retour) : Le retour de la main à la position de départ.
L’analyste observe la tâche, assigne les index (par exemple : A1 B6 G1 A1 B0 P3 A0), additionne ces chiffres (1+6+1+1+0+3+0 = 12) et multiplie le total par 10 (pour BasicMOST).
Total : 120 TMU. C’est le temps standard pour cette action.
Pas de chronomètre, pas de jugement de valeur sur la vitesse de l’opérateur. Juste une observation objective et une standardisation.
Au-delà de la technique : Les références clés
La Maynard Operation Sequence Technique n’est pas une théorie obscure sortie de nulle part. C’est un standard industriel établi et respecté.
Sa crédibilité repose d’abord sur ses origines : elle a été développée et validée par H.B. Maynard and Company, un cabinet de conseil historique et une référence mondiale en ingénierie industrielle.
Si vous cherchez la « bible » sur le sujet, l’ouvrage de référence absolu est « MOST Work Measurement Systems » de Kjell B. Zandin. C’est Zandin qui est largement considéré comme l’architecte qui a formalisé et standardisé la méthode que des milliers d’entreprises utilisent aujourd’hui.
Ce n’est pas que de la théorie. Des études de cas dans des secteurs exigeants comme l’automobile ou l’usinage démontrent régulièrement des gains de productivité mesurables (parfois de 15 à 25%) lorsque les processus sont analysés et rééquilibrés grâce à la méthode MOST.
Finalement, la méthode MOST est bien plus qu’un simple outil de chronométrage. C’est un langage universel pour décrire, analyser et optimiser le travail humain. En passant d’une mesure subjective (le chrono) à une analyse objective (les séquences), elle permet aux entreprises de définir des standards justes, d’équilibrer leurs lignes de production et d’améliorer l’ergonomie des postes.
Comprendre la Maynard Operation Sequence Technique, c’est se donner les moyens de voir l’efficacité là où les autres ne voient que du mouvement.
Questions fréquentes (FAQ)
Quelle est la différence entre MOST et le chronométrage ?
Le chronométrage mesure le temps réel d’un opérateur (qui peut être rapide ou lent à un instant T). La méthode MOST calcule le temps standard requis pour une tâche, indépendamment de l’opérateur, en se basant sur des mouvements prédéfinis. C’est une mesure objective (le temps devrait être) vs subjective (le temps a été).
Faut-il être certifié pour utiliser la méthode MOST ?
Oui. Pour l’appliquer correctement, une formation et une certification (souvent délivrée par des organismes agréés H.B. Maynard) sont nécessaires. Assigner les bons index aux séquences (A, B, G, P…) demande une expertise et une calibration pour garantir la fiabilité du temps standard calculé.
MOST est-il adapté aux tâches de bureau (Admin) ?
Il existe une variante, AdminMOST (anciennement ClericalMOST), conçue pour les tâches administratives. Cependant, elle est beaucoup moins répandue. BasicMOST, MiniMOST et MaxiMOST restent les outils principaux et sont massivement utilisés dans les environnements de production, logistique et maintenance.

