Vous avez envoyé votre lettre recommandée. Vous avez comparé, trouvé mieux, signé ailleurs. Pour vous, l’affaire est pliée. Et puis, le prélèvement tombe à nouveau. Ou pire, vous recevez un email laconique vous expliquant que « suite à… », votre demande n’est pas recevable.
Que faire quand mon assureur refuse de résilier mon contrat ?
Premier réflexe : ne pas paniquer. Dans 99% des cas, ce refus est illégal. D’ailleurs, le refus de communiquer un relevé d’information illustre aussi parfaitement ce type de blocage abusif que certains assureurs pratiquent. L’assureur joue la montre, parie sur votre méconnaissance des lois ou votre épuisement. La DGCCRF (la répression des fraudes) appelle d’ailleurs cela une « non-conformité réglementaire ». C’est une façon polie de dire qu’ils sont hors-la-loi.
Ils invoquent une clause obscure de vos conditions générales ? La loi Hamon. Ils prétendent que vous avez raté la date d’échéance ? La loi Chatel. Ils exigent un mandat que vous avez déjà fourni ? C’est de l’obstruction. Voici le plan d’action exact pour le forcer à respecter vos droits.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- 🛑 Un refus est (presque toujours) illégal. Si vous respectez les conditions de la loi, un assureur ne peut pas refuser une résiliation.
- 🗓️ La Loi Hamon (après 1 an) : Pour l’auto, l’habitation et la santé, vous pouvez résilier quand vous voulez après 1 an, sans motif. Le refus est illégal.
- 🔔 La Loi Chatel (à l’échéance) : Si votre assureur ne vous a pas envoyé d’avis d’échéance (ou l’a envoyé trop tard), vous pouvez résilier à tout moment.
- 🧑💼 Le rôle du nouvel assureur : Dans le cadre de la loi Hamon, votre nouvel assureur a l’obligation légale de gérer la résiliation pour vous. Laissez-le faire.
- ✉️ L’escalade : Si le refus persiste, l’étape suivante est la Mise en Demeure par lettre recommandée (papier ou électronique).
- ⚖️ Le recours ultime (et gratuit) : Avant la justice, saisissez Le Médiateur de l’assurance. C’est le recours officiel, indépendant et très efficace.

Les 2 Armes Légales qui Rendent un Refus (Presque Toujours) Illégal
Face à un mur, il faut parler le même langage que l’assureur : celui de la loi. Deux textes sont vos meilleurs alliés.
1. La Loi Hamon (L’arme de destruction massive)
C’est votre droit le plus puissant pour les assurances les plus courantes : auto, moto, habitation et santé.
- Ce qu’elle dit : Après un an de contrat, vous pouvez résilier à tout moment, sans frais, ni pénalité, ni justification.
- La procédure : C’est votre nouvel assureur qui doit s’occuper de tout. Il prend contact avec l’ancien pour assurer la continuité de la couverture. La résiliation prend effet 1 mois après la demande.
- L’excuse bidon à ignorer : « La loi Hamon n’est pas dans nos conditions générales ».
- La réalité : La loi s’impose aux conditions générales. C’est une disposition d’ordre public.
- L’excuse bidon n°2 : « Votre nouvel assureur n’a pas fourni de mandat signé ».
- La réalité : C’est au nouvel assureur de gérer ce point. Si le refus persiste, c’est vers lui qu’il faut vous tourner en premier.
Si vous êtes dans ce cas (plus d’un an de contrat), cet assureur qui refuse de résilier est en tort à 100%. Il doit respecter l’article L.113-15-2 du Code des assurances.
2. La Loi Chatel (Le piège de l’échéance)
Cette loi s’applique si vous n’êtes pas (encore) éligible à la loi Hamon (par exemple, vous êtes dans votre première année) ou pour d’autres contrats (Garantie Accidents de la Vie, Protection Juridique…).
La règle de base est la résiliation à l’échéance annuelle, avec un préavis de 2 mois (article L.113-12 du Code des assurances). C’est sur ce préavis que les assureurs jouent quand ils cherchent un motif de refus de résiliation.
- Ce qu’elle dit : L’assureur doit vous rappeler votre droit de résilier (et la date limite pour le faire) avec votre avis d’échéance.
- Le timing est clé :
- Cas 1 : Vous recevez l’avis plus de 15 jours avant la date limite de préavis. Vous devez respecter le préavis de 2 mois.
- Cas 2 (L’oubli partiel) : Vous recevez l’avis moins de 15 jours avant la date limite, ou après cette date. Vous avez un nouveau délai de 20 jours à compter de la date d’envoi de l’avis pour résilier.
- Cas 3 (L’oubli total) : Vous ne recevez aucun avis d’échéance. Vous pouvez résilier à tout moment, sans préavis ni pénalité, dès la date d’échéance passée. La résiliation prend effet le lendemain de l’envoi de votre courrier.
- L’excuse bidon à ignorer : « Vous avez raté la date limite du préavis de 2 mois ».
- La réponse : « Pouvez-vous me fournir la preuve d’envoi de l’avis d’échéance mentionnant la date limite de résiliation, comme l’exige l’article L.113-15-1 du Code des assurances ? »
Mon assureur refuse de résilier mon contrat : Le Plan d’Action en 4 Étapes
Vous avez la loi pour vous, mais l’assureur fait la sourde oreille. Voici le processus d’escalade, du plus simple au plus formel.
Étape 1 : Laisser votre NOUVEL assureur faire (La voie simple)
On ne le répétera jamais assez : si vous résiliez une assurance auto, habitation ou santé sous loi Hamon, ne résiliez pas vous-même.
Lorsque vous souscrivez votre nouveau contrat, donnez simplement mandat à votre nouvel assureur. C’est lui qui envoie la demande de résiliation. Si l’ancien assureur refuse, c’est le nouvel assureur qui doit « se battre » pour vous. C’est son obligation légale. Si votre nouvel assureur vous dit qu’il ne peut pas, insistez ou changez de nouvel assureur.
Étape 2 : La Mise en Demeure (La voie formelle)
Si l’étape 1 échoue, ou s’il s’agit d’un contrat non-Hamon (où vous devez résilier vous-même, ex: loi Chatel), il faut passer à l’offensive formelle.
Envoyez une Mise en demeure de résilier et de rembourser.
- La forme : Par Lettre Recommandée avec Accusé de Réception (LRAR). L’alternative moderne, l’Envoi Recommandé Électronique (ERE), a la même valeur juridique. La DGCCRF a déjà épinglé des assureurs qui refusaient abusivement les ERE.
- Le contenu :
- Rappelez les faits (votre demande initiale, sa date, le refus).
- Citez l’article de loi qui vous donne raison (L.113-15-2 pour Hamon, L.113-15-1 pour Chatel…).
- Mettez en demeure l’assureur de :
- Confirmer la résiliation de votre contrat (précisez la date d’effet).
- Vous rembourser les sommes indûment prélevées sous 8 jours.
- Précisez qu’à défaut, vous saisirez le Médiateur de l’assurance.
Étape 3 : Saisir le Médiateur de l’Assurance (La voie EEAT)
Votre mise en demeure reste sans réponse satisfaisante depuis 2 mois ? N’allez pas au tribunal. L’étape suivante est gratuite, indépendante et redoutablement efficace : Le Médiateur de l’Assurance (LMA).
C’est un organisme indépendant dont le rôle est de résoudre les litiges entre assurés et assureurs.
- Quand le saisir ? Après avoir épuisé vos recours internes (votre mise en demeure de l’étape 2).
- Comment ? Gratuitement, en ligne, sur le site mediation-assurance.org.
- Pourquoi c’est efficace ? L’avis du Médiateur est suivi par les assureurs dans la quasi-totalité des cas. Il connaît parfaitement la loi et les pratiques abusives. C’est votre meilleur allié pour obtenir gain de cause sans frais d’avocat.
Étape 4 : Les Recours Ultimes (ACPR et Justice)
Si même le Médiateur n’obtient rien (extrêmement rare), ou si vous voulez signaler une pratique abusive généralisée, vous avez deux options :
- Signaler la pratique à l’ACPR : L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution est le « gendarme » des banques et assurances. Elle ne règlera pas votre cas individuel, mais un afflux de signalements sur un même assureur peut déclencher une enquête et des sanctions.
- Saisir le Tribunal Judiciaire : C’est la dernière étape. Pour les litiges inférieurs à 10 000 €, la procédure est simplifiée, mais elle reste plus lourde que la médiation.

L’Erreur à Ne Surtout Pas Faire : Arrêter les Prélèvements Vous-Même
C’est la pire des fausses bonnes idées. Votre assureur refuse, vous êtes énervé, vous faites opposition aux prélèvements auprès de votre banque.
Ne faites jamais ça.
En faisant cela, c’est vous qui vous mettez en tort. L’assureur n’enregistrera pas un refus de résiliation, mais un défaut de paiement. Il va résilier votre contrat pour non-paiement, ce qui est très différent. Votre numéro de contrat d’assurance sera alors supprimé.
La conséquence ? Vous serez fiché à l’AGIRA (Association pour la Gestion des Informations sur le Risque en Assurance). Ce fichage, visible par tous les assureurs, vous collera à la peau. Trouver un nouvel assureur deviendra un parcours du combattant, et les tarifs proposés seront exorbitants.
Payez toujours ce qui est dû jusqu’à la date d’effet légale de votre résiliation. La bataille se mène ensuite pour le remboursement du trop-perçu, pas en donnant un motif légitime à un assureur qui refuse de résilier.
Comment se faire rembourser les sommes trop perçues ?
La loi est claire : une fois la date d’effet de la résiliation passée, le contrat est rompu.
- Pour la loi Hamon : La résiliation prend effet 1 mois après la demande.
- Pour la loi Chatel (sans avis d’échéance) : Elle prend effet le lendemain de votre envoi.
À partir de cette date, l’assureur a 30 jours pour vous rembourser la part de prime que vous avez payée d’avance. S’il ne le fait pas, cette demande de remboursement doit être ajoutée à votre Mise en Demeure (Étape 2), en précisant que des intérêts de retard sont dus.
En résumé, si votre assureur refuse de résilier votre contrat, ne baissez pas les bras. La loi est massivement de votre côté. Le blocage est une tactique d’usure. En suivant méthodiquement le plan d’action (Nouvel assureur -> Mise en demeure -> Médiateur), vous obtiendrez gain de cause. Documentez tout, citez les articles de loi, et restez factuel.
Questions fréquentes (FAQ)
Que faire si je suis dans ma première année de contrat ?
La loi Hamon ne s’applique pas. Vous devez attendre l’échéance annuelle. C’est là que la loi Chatel devient cruciale : surveillez la réception de votre avis d’échéance. Si l’assureur l’envoie trop tard ou pas du tout, vous pouvez résilier. Les seules exceptions pour résilier en première année sont un changement de situation (déménagement, mariage, etc.) qui modifie le risque.
La résiliation par email ou « en 3 clics » est-elle valable ?
Oui. Depuis 2023, la résiliation « en 3 clics » est obligatoire pour tous les contrats qui peuvent être souscrits en ligne. Si vous avez souscrit en ligne, vous devez pouvoir résilier en ligne. De plus, l’Envoi Recommandé Électronique (ERE) est juridiquement identique au recommandé papier.
L’assureur peut-il refuser ma résiliation pour non-paiement ?
Oui. C’est le seul motif de refus vraiment légitime. Si vous avez des cotisations impayées, l’assureur est en droit de refuser la résiliation (Hamon ou Chatel) et d’exiger le paiement. Vous devez d’abord régulariser votre situation avant de pouvoir résilier.
Mon nouvel assureur dit qu’il ne peut pas résilier pour moi, est-ce normal ?
Cela dépend du contrat. Le nouvel assureur a l’obligation de le faire uniquement pour les contrats soumis à la loi Hamon (auto, habitation, santé). S’il s’agit d’une Garantie Accidents de la Vie, d’une protection juridique ou d’une assurance scolaire, c’est à vous de faire la démarche de résiliation.

