Vous vous sentez fiévreux, le dos bloqué, ou au bord du burn-out un mardi soir. Vous savez déjà que le mercredi sera impossible à affronter au bureau. Votre premier réflexe : appeler le médecin pour « prendre de l’avance ». La question fatidique se pose : peut-on demander un arrêt de travail pour le lendemain ?
C’est une situation stressante que des milliers de salariés rencontrent. Le problème ? Sur Internet, les réponses sont floues, voire dangereusement contradictoires. Certains sites vous diront « oui, sous conditions », d’autres « non, jamais ». Cette confusion ajoute de l’anxiété à la maladie.
Il est temps de trancher. La réponse légale est claire, mais elle n’est peut-être pas celle que vous espérez. En revanche, il existe des solutions concrètes pour gérer la situation sans vous mettre en faute. Anticiper un arrêt de travail est une chose, le faire dans les règles en est une autre.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- ❌ Non, on ne peut pas demander un arrêt de travail pour le lendemain (postdaté). L’arrêt doit être daté du jour de la consultation médicale qui constate l’incapacité.
- ⚖️ C’est interdit : Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) l’interdit. Un médecin qui postdate un arrêt risque des sanctions disciplinaires et pénales.
- ⏪ L’antidatage aussi : Impossible d’obtenir un arrêt aujourd’hui pour couvrir une absence d’hier. Le médecin n’atteste que ce qu’il voit.
- 💻 La vraie solution (si pas de RDV) : La téléconsultation est votre meilleure option pour obtenir un arrêt le jour J (souvent limité à 3 jours si ce n’est pas votre médecin traitant).
- ⏰ Délai de 48h : Une fois l’arrêt obtenu (daté du jour J), vous avez 48 heures pour l’envoyer à la CPAM (Volets 1 & 2) et à votre employeur (Volet 3).
- 🌴 L’alternative : Si vous « sentez » la fatigue venir mais n’êtes pas (encore) incapable de travailler, posez un RTT ou un congé.

Peut-on demander un arrêt de travail qui commence le lendemain (postdaté) ?
Allons droit au but : la réponse est non. Vous ne pouvez pas consulter un médecin le mardi et lui demander un avis d’arrêt de travail qui commencerait le mercredi.
Cette idée, bien que répandue, est factuellement incorrecte et repose sur une confusion. La règle est simple et non négociable : l’arrêt de travail est un acte médical qui constate une incapacité actuelle à travailler. Le médecin n’atteste pas de ce que vous ressentirez demain ; il atteste de ce qu’il constate aujourd’hui, au moment de l’examen.
Si le médecin vous examine le mardi et juge que votre état de santé vous rend incapable de travailler, l’arrêt de travail doit commencer le mardi.
L’arrêt de travail n’est pas un outil de gestion d’agenda ou de convenance personnelle. C’est la constatation légale d’une incapacité de travail. Cette tentative d’obtenir un arrêt de travail pour le lendemain, appelée « postdatage », est considérée comme une demande d’arrêt de complaisance et place le médecin en situation d’illégalité.
Pourquoi votre médecin ne peut-il ni postdater, ni antidater votre arrêt ?
Cette règle n’est pas un simple caprice administratif. Elle est au cœur de la déontologie médicale et du Code de la Sécurité sociale. Le médecin qui rédige l’arrêt engage sa responsabilité pénale et disciplinaire.
Pour y voir clair, il faut absolument distinguer deux termes que tout le monde confond :
- Le Postdatage (demander pour demain) : C’est la situation de notre mot-clé. Consulter le 10 du mois pour un arrêt débutant le 11.
- L’Antidatage (couvrir hier) : C’est le problème inverse. Consulter le 10 pour un arrêt débutant le 9, parce que vous étiez déjà malade mais n’aviez pas de RDV.
Ces deux pratiques sont interdites. Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) est formel : l’avis d’arrêt doit être daté du jour de l’examen.
Pourquoi une telle rigueur ? Parce que l’arrêt de travail ouvre droit à des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale et à une protection du contrat de travail. Le dater relève d’une attestation précise.
Voici les risques pour chaque partie :
| Type d’interdiction | Ce que ça signifie | Pourquoi c’est interdit (et risqué) |
|---|---|---|
| Le Postdatage (Commencer Demain) | Consulter le mardi pour un arrêt qui commence le mercredi. | Le médecin ne peut pas « prédire » une incapacité. Il atteste d’un état constaté. Pour le salarié, c’est un risque de refus d’indemnisation. |
| L’Antidatage (Couvrir Hier) | Consulter le mardi pour un arrêt qui couvre le lundi. | Le médecin ne peut pas « attester » d’une incapacité qu’il n’a pas vue la veille. C’est illégal et considéré comme un faux. |
Je suis malade aujourd’hui mais je n’ai pas de RDV : quelles solutions légales ?
C’est là que se situe la vraie douleur, la situation que la SERP 2 (le forum Ameli) met en lumière. Vous êtes réellement malade le lundi. Vous ne pouvez pas sortir de votre lit. Votre médecin traitant n’a pas de place avant mercredi.
Que faire ? La loi vous impose de justifier votre absence et d’envoyer un arrêt sous 48h, mais le système de santé ne vous permet pas de voir un médecin. C’est le casse-tête des déserts médicaux.
N’attendez pas votre RDV de mercredi. Vous n’auriez aucun justificatif pour lundi et mardi, et seriez en absence injustifiée.
Voici les seules options légales pour vous sortir de cette situation :
1. La téléconsultation (La solution n°1)
C’est aujourd’hui la solution la plus simple et la plus rapide. Des plateformes (comme Qare, Livi, ou Doctolib) vous permettent de consulter un médecin généraliste en visioconférence, souvent en moins de 15 minutes.
Ce médecin constatera votre incapacité aujourd’hui (le lundi) et émettra un arrêt de travail parfaitement légal, daté d’aujourd’hui. Problème résolu.
Attention : Si ce n’est pas votre médecin traitant déclaré, la loi limite souvent la durée de cet arrêt initial à 3 jours. C’est amplement suffisant pour une grippe ou une gastro, et cela vous laisse le temps de voir votre médecin traitant pour une éventuelle prolongation.
2. Tenter le « sans RDV » ou un autre cabinet
Appelez le secrétariat de votre médecin traitant et insistez sur l’urgence de votre état, en précisant que vous avez besoin d’un arrêt pour le jour même. Certains cabinets gardent des créneaux d’urgence.
Si c’est un « non » définitif, appelez les autres médecins de votre ville, les maisons médicales de garde ou SOS Médecins.
3. Les urgences (en dernier recours)
Si votre état le justifie (douleur extrême, fièvre très élevée, accident), rendez-vous aux urgences. Ils sont habilités à constater votre état et à vous délivrer un arrêt de travail. N’encombrez pas les urgences pour une grippe saisonnière si la téléconsultation est possible.
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Quelle est la procédure légale à suivre une fois l’arrêt obtenu ?
Vous avez réussi. Vous avez vu un médecin (en physique ou visio) le jour J de votre maladie. Il vous a remis l’avis d’arrêt de travail (le fameux formulaire Cerfa).
Maintenant, le chronomètre tourne.
Vous disposez d’un délai strict de 48 heures (deux jours) pour transmettre cet avis. Pas 72h, pas une semaine. 48 heures. Cette règle est inscrite dans le Code de la Sécurité sociale.
Cette obligation se divise en deux parties :
- Votre employeur : Vous devez l’informer de votre absence dès que possible (par téléphone ou email). Ensuite, vous devez lui transmettre le Volet 3 de l’avis d’arrêt (celui qui ne mentionne pas la raison médicale) sous 48h.
- La CPAM (Assurance Maladie) : Vous devez leur envoyer les Volets 1 et 2 sous 48h.
Si votre médecin a effectué une télétransmission (ce qui est courant), les volets 1 et 2 sont déjà partis à la CPAM. Vous n’avez plus qu’à gérer le volet 3 pour votre employeur.
Si vous envoyez l’arrêt en retard, la CPAM peut vous sanctionner en retenant 50% du montant de vos indemnités journalières pour la période de retard.
Une fois cette démarche effectuée, votre obligation principale est de vous reposer. Votre contrat de travail est suspendu. Cela signifie que vous n’avez pas à travailler, ni à répondre aux sollicitations professionnelles. Si vous vous demandez si mon employeur m’appelle sur mon téléphone portable personnel : que dit la loi ?, la réponse courte est que le droit à la déconnexion s’applique pleinement.

Anticiper une absence : les alternatives à l’arrêt de travail
Revenons à notre situation de départ. Vous n’êtes pas (encore) cloué au lit, mais vous sentez la fatigue intense, le stress monter, ou les premiers signes d’une migraine. Vous « savez » que demain sera un jour sans.
C’est ce qu’on pourrait appeler une demande d’arrêt préventif.
Si vous allez voir un médecin dans cet état, il est probable qu’il ne constate pas d’incapacité actuelle à travailler. Il ne pourra donc, en toute logique, pas vous arrêter.
Dans ce cas, demander un arrêt de travail pour le lendemain n’est pas la bonne approche. Les solutions sont managériales, pas médicales :
- Poser un jour de congé ou un RTT : C’est la solution la plus simple et la plus propre. Ces jours sont faits pour ça.
- Demander du télétravail : Si votre état vous permet de travailler mais pas de supporter les transports ou l’open space (fatigue, début de gastro), c’est une excellente option à négocier avec votre manager.
- Parler à votre manager : L’honnêteté paie souvent. « Je suis à la limite, je préfère prendre un jour off demain pour recharger les batteries plutôt que de risquer un arrêt d’une semaine. » Un bon manager comprendra l’intérêt de la prévention.
Vous l’aurez compris, demander un arrêt de travail pour le lendemain relève plus du mythe que de la réalité. La règle est claire : la date de l’arrêt est la date de la consultation. Tenter de contourner cette règle est risqué pour vous comme pour le médecin. La vraie difficulté ne réside pas dans l’anticipation, mais dans la réaction : comment obtenir un arrêt le jour J quand on est malade et que les médecins sont indisponibles ? La réponse se trouve aujourd’hui dans la téléconsultation. C’est la seule solution légale pour justifier votre absence sans attendre un RDV qui arrivera trop tard.
FAQ (Questions fréquentes)
Mon médecin peut-il antidater un arrêt si je lui jure que j’étais malade hier ?
Non. Légalement, il n’en a pas le droit. Il ne peut attester que de ce qu’il constate le jour de l’examen. Il peut, au mieux, mentionner dans la partie « correspondance » du certificat que vous déclarez être malade depuis la veille, mais l’arrêt officiel (ouvrant droit aux indemnités) ne commencera qu’au jour de la visite.
La téléconsultation pour un arrêt de travail, est-ce vraiment valable ?
Oui, un arrêt prescrit en téléconsultation a la même valeur légale qu’un arrêt prescrit en cabinet. La seule différence notable est la limitation de durée (souvent 3 jours) si l’arrêt n’est pas délivré par votre médecin traitant déclaré, mais il est parfaitement valable pour justifier votre absence.
Mon employeur peut-il refuser mon arrêt de travail ?
Non. Un employeur ne peut pas refuser un avis d’arrêt de travail valablement établi par un médecin. Il doit l’enregistrer et le traiter. Il peut, en revanche, mandater un contrôle médical à votre domicile (via un médecin contrôleur) s’il a des doutes sur la légitimité de l’arrêt, mais il ne peut pas « refuser » le document en lui-même.
Cet article parle d’arrêt maladie. Est-ce la même chose qu’un arrêt pour accident du travail ?
Non, ce sont deux régimes différents. L’arrêt maladie couvre les maladies « non professionnelles » (grippe, gastro, burn-out…). L’accident du travail (AT) survient « par le fait ou à l’occasion du travail ». La prise en charge et les indemnités sont différentes (souvent plus avantageuses pour l’AT) et peuvent mener, en cas de séquelles, à une rente. C’est un sujet complexe, notamment si on se demande si l’on peut supprimer une rente d’accident du travail.
Les règles de l’arrêt de travail sont-elles les mêmes pour les fonctionnaires ?
Attention, cet article se concentre sur les salariés du régime général (privé). Les fonctionnaires ont leurs propres règles de congé maladie (ordinaire, longue maladie…). Les délais de carence et les maintiens de salaire diffèrent. Le statut protège, mais il est crucial de comprendre ce qui est couvert ou non. Si vous vous demandez si fonctionnaire est un statut qui protège vraiment de tout, la réponse se trouve souvent dans la couverture prévoyance complémentaire.

