Le refus de payer les frais exceptionnels après une séparation ou un divorce représente une situation frustrante pour de nombreux parents. Cette problématique touche directement le bien-être de l’enfant et peut rapidement dégénérer en conflit familial majeur.
Contrairement à la pension alimentaire qui couvre les besoins quotidiens, ces dépenses imprévues nécessitent souvent une approche différente. Frais médicaux non remboursés, voyages scolaires, activités extrascolaires… Comment agir face à un parent qui refuse systématiquement sa participation ?
La loi prévoit des mécanismes de protection, mais encore faut-il les connaître. Entre accord préalable, mise en demeure et recours judiciaire, plusieurs solutions s’offrent aux parents lésés. Le juge aux affaires familiales (JAF) joue un rôle central dans la résolution de ces litiges, mais certaines conditions doivent être respectées.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- 🔍 Les frais exceptionnels ne sont pas définis par la loi mais correspondent à des dépenses imprévues et ponctuelles
- ⚖️ L’article 373-2-2 du Code civil précise que chaque parent doit contribuer à l’entretien et à l’éducation de l’enfant en fonction de ses ressources
- 📝 Un accord préalable des deux parents est généralement requis avant d’engager ces frais
- 💌 La mise en demeure par courrier recommandé constitue la première étape avant toute action judiciaire
- ⚖️ Le JAF peut ordonner le paiement et sanctionner le refus injustifié
- 📋 Des justificatifs détaillés (factures, prescriptions médicales) sont indispensables pour obtenir gain de cause

Que recouvrent exactement les frais exceptionnels ?
Définition et cadre légal
Aucun texte de loi ne définit le paramètre précis de ce qui constitue des « frais exceptionnels ». La jurisprudence et la doctrine ont cependant dégagé des critères clairs : il s’agit de dépenses imprévues ou non récurrentes qui ne sont pas incluses dans la pension alimentaire.
La pension alimentaire, fixée selon l’article 373-2-2 du Code civil, ne couvre que les besoins courants : nourriture, logement, habillement, frais de cantine. Tout ce qui sort de ce quotidien prévisible entre potentiellement dans la catégorie des frais exceptionnels.
Les principales catégories
- • Frais médicaux : dépenses médicales importantes non remboursées, appareils dentaires, séances de kinésithérapie, traitements spécialisés, interventions chirurgicales
- • Frais scolaires : frais de scolarité pour des écoles privées, des voyages scolaires ou des activités extra-scolaires
- • Autres dépenses : permis de conduire, cours de conduite, équipements sportifs coûteux, instruments de musique pour le conservatoire
Frais scolaires : Classes vertes, séjours linguistiques, matériel informatique imposé par l’établissement.
Autres dépenses : permis de conduire, cours de conduite, équipements sportifs coûteux, instruments de musique pour le conservatoire.
Attention, certains juges adoptent une approche restrictive. Les cours d’appel précisent régulièrement les modalités de répartition des frais exceptionnels, incluant notamment les frais de scolarité, frais de santé non remboursés, voyages scolaires, activités extrascolaires et permis de conduire.
L’obligation d’accord préalable : piège ou protection ?
Le principe de l’autorité parentale conjointe
La jurisprudence est constante : si un parent décide d’engager la dépense sans l’accord de l’autre, il devra, sauf urgence, la supporter seul. Cette règle découle directement de l’exercice conjoint de l’autorité parentale.
La jurisprudence est constante : si un parent décide d’engager la dépense sans l’accord de l’autre, il devra, sauf urgence, la supporter seul. Cette exigence peut sembler contraignante, mais elle protège les deux parents contre des dépenses inconsidérées. Le refus de payer les frais exceptionnels trouve souvent sa source dans l’absence de cette concertation préalable.
Les exceptions à l’accord préalable
Situations d’urgence : si les frais médicaux exceptionnels sont nécessaires, le parent ayant engagé les dépenses peut exiger le remboursement, même sans accord préalable.
Décision de justice : si le JAF a statué sur la prise en charge de certains frais, leur non-paiement peut entraîner des poursuites.
Comment obtenir cet accord ?
La communication écrite reste la meilleure approche. SMS, emails, courriers… tout échange prouvant votre tentative de concertation renforcera votre dossier. Les courriers d’échanges montrant l’information donnée à l’autre parent peuvent constituer des preuves que le parent a été informé de la dépense avant qu’elle ne soit engagée.
Que faire face au refus de payer les frais exceptionnels ?
Étape 1 : la négociation amiable
Avant toute procédure, tentez un dialogue constructif. Expliquez la nécessité de la dépense, son caractère incontournable pour l’enfant. Proposez éventuellement un étalement du paiement ou une révision de la répartition.
Cette approche préserve les relations familiales et évite les frais de justice. Gardez une trace écrite de ces échanges. Même si cette étape ne garantit pas d’éviter le refus de payer les frais exceptionnels, elle constitue un préalable indispensable.
Étape 2 : la mise en demeure
Envoyer une mise en demeure : un courrier recommandé avec accusé de réception rappelant l’obligation de paiement. Ce courrier doit être précis : nature de la dépense, montant réclamé, délai de paiement (généralement 8 à 15 jours).
La mise en demeure constitue un préalable souvent obligatoire avant toute action judiciaire. Elle prouve votre bonne foi et votre volonté de résoudre le conflit à l’amiable.
Étape 3 : la saisine du JAF
Le recours au juge aux affaires familiales (JAF) peut être nécessaire pour statuer sur la répartition des dépenses. Cette procédure permet d’obtenir une décision contraignante.
Le JAF peut :
- – Ordonner le paiement des frais contestés
- – Fixer les modalités de répartition futures
- – Sanctionner le parent récalcitrant
Étape 4 : l’exécution forcée
Si vous disposez d’une décision de justice fixant la répartition du paiement de ces frais, votre ex-mari doit payer sa part. S’il ne le fait pas, vous pouvez mandater un huissier de justice pour réclamer les sommes dues.
Notez que l’intervention d’un huissier n’est pas automatique : certains seuils financiers s’appliquent avant qu’une procédure de recouvrement forcé puisse être mise en place.
Les moyens d’action de l’huissier sont nombreux :
- • Saisie sur salaire : prélèvement direct sur les revenus du débiteur
- • Saisie bancaire : blocage et récupération des sommes sur les comptes
- • Saisie mobilière : vente forcée de biens meubles pour apurer la dette
- • Saisie immobilière : en dernier recours pour les montants importants
En matière alimentaire, la loi prévoit qu’il n’y a pas de minimum insaisissable. Face au refus de payer les frais exceptionnels, cette protection légale garantit l’efficacité des recours. Cependant, même si l’autre parent se trouve dans une situation financière précaire, l’huissier dispose de moyens d’action spécifiques pour récupérer les sommes dues.
Éviter le refus de payer les frais exceptionnels : constituer un dossier solide
Les justificatifs indispensables
Les factures détaillées des dépenses engagées : elles doivent mentionner la nature de l’achat ou du service, son coût exact ainsi que la date de paiement. Une facture nominative au nom de l’enfant renforce la validité de la demande.
Documents médicaux : pour des dépenses de santé telles qu’un traitement spécialisé, un appareil dentaire ou des séances de rééducation, une prescription médicale sera nécessaire.
Attestations scolaires : certains frais scolaires exceptionnels, tels que l’achat d’un ordinateur imposé par l’établissement ou la participation à un voyage éducatif obligatoire, doivent être justifiés par une attestation de l’école.

L’importance de la chronologie
Idéalement, ces justificatifs doivent être rassemblés et présentés de manière chronologique, afin de démontrer clairement la nécessité de la dépense et le respect des démarches de concertation.
Les éléments à rassembler pour prévenir tout refus de payer les frais exceptionnels :
- • Correspondances : tous les échanges préalables avec l’autre parent (SMS, emails, courriers)
- • Justificatifs financiers : devis, factures détaillées et nominatives
- • Preuves de nécessité : prescriptions médicales, attestations scolaires, circulaires officielles
- • Procédures : mise en demeure, accusés de réception, convocations
- • Décisions : jugements, ordonnances, conventions homologuées
Face au refus de payer les frais exceptionnels, la patience et la méthode restent vos meilleurs alliés. La loi protège l’intérêt de l’enfant et prévoit des recours efficaces contre les parents récalcitrants.
Si vous recevez un avis de passage d’huissier, ne paniquez pas : des délais légaux vous protègent pour organiser votre défense ou négocier un arrangement.
N’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé en droit de la famille dès les premiers signes de conflit. Son expertise vous guidera dans la constitution d’un dossier solide et l’application de la stratégie la plus adaptée à votre situation.
FAQ (Questions fréquentes)
Puis-je inscrire mon enfant à une activité sans l’accord de l’autre parent ?
Oui, mais vous devrez assumer seul le coût si l’autre parent refuse de participer. L’accord préalable reste la règle pour obtenir un partage des frais.
Combien de temps l’autre parent a-t-il pour répondre à ma demande ?
Aucun délai légal n’est fixé, mais un délai raisonnable de 8 à 15 jours est généralement accordé avant de considérer le silence comme un refus.
Le refus de payer constitue-t-il une infraction pénale ?
Il s’agit d’une infraction pénale si une décision de justice ordonne le paiement et que le parent refuse de s’exécuter. Dans ce cas, vous pouvez déposer plainte.
Les frais exceptionnels sont-ils plafonnés ?
Non, mais ils doivent rester proportionnels aux revenus des parents et aux besoins réels de l’enfant. Le juge apprécie au cas par cas le caractère raisonnable de la dépense.

